Qu’est ce qu’une typographie ? Un choix méticuleux, un coup de foudre, un hasard... Qu’est ce qu’un “choix typographique” ? Pour beaucoup de raisons, je suis persuadé que, lorsque l’on fait un choix typographique, nous posons une question. Une question entre ce que véhicule la typographie et le concept du projet auquel elle est associée.
Elzévirs, Didots, Égyptiennes, Antiques ou Écriture (selon la classification Thibaudeau) ? Il arrive qu’un graphiste tombe amoureux d’une typographie. Le rapport entre elle et lui peut durer toute une vie.
Mais dans cette relation presque maritale, le graphiste est volatile, c’est plus fort que lui, il est libertin. Même s'il est toujours chapeauté par “sa” typographie, il saute de typographie en typographie, il va voir ailleurs. Dans cette recherche folle, il touche à une sorte de typographie facile à trouver, séduisante que nous avons tous dans nos typothèques.
Belle dans l’idée, simple dans la forme, elle ne demande qu’à être utilisée. Et c’est là tout le problème, elles nous sont utiles mais on ne peut pas les utiliser. D’abord, elles sont souvent incomplètes. Mal dessinées malgré de bonnes intentions formelles, elles se placent toujours avec une chasse de travers.
Mais qu’est ce que vous voulez, des fois c’est comme ça, on ne sait pas pourquoi mais on est attiré par le défaut.
Alors, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et poser ces typos dans le format. Une séance de pose simple où l’on ressent leur présence maladroite. On se rend souvent compte qu’en posant ces typographies dans nos compositions, elles ouvrent un débat sur une autre résolution et apportent un autre regard jamais dénué d’intérêt.
Je ne vends pas ces typographies. En fait, je ne vends aucune typographie. Je communique seulement mon point de vue sur la typographie. Ces typographies gratuites et incomplètes qui nous attirent mais que l’on ne peut se résigner à utiliser face à l’exigence de l’œil.
Vous avez sûrement dans votre typothèque des typographies glanées sur internet qui vous plaisent quelque part et que, pourtant on ne retrouvera jamais dans vos compositions. Elles posent tellement de questions sans apporter de réponses qu’elles en deviennent passionnantes. On veut l’utiliser mais on ne peut pas.